Président : Patrice MIRAN

Trésorier : Maurice GILLARD   Secrétaire : Rose-Marie ALLÉGRET

"Le Patriote" du 29 avril 2000

 

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Voie rapide : un projet au ralenti

Le collectif contre le doublement de la voie rapide a organisé, le mercredi 5 avril, une conférence de presse, suite à un jugement récent du tribunal administratif de Nice, nouvel épisode dans le conflit qui oppose la municipalité et des riverains depuis 1997. État des lieux.

Atout de taille dans les mains du collectif contre le doublement de la voie rapide (1) : le tribunal administratif de Nice a proclamé, le 16 mars, l'annulation de la déclaration d'utilité publique (D.U.P.) du tronçon Fabron-Saint Augustin, après la réouverture d'une enquête en janvier 2000.

Motif de ce jugement qui contrarie les projets de la municipalité : des irrégularités de procédures graves, les réserves émises par l'enquête d'utilité publique n'ayant, par exemple, jamais été entérinées par le conseil municipal.

Déjà présent sur le front pénal avec l'A.D.V.A.U.S. (Association des victimes de l'A.U.S.) créée en octobre 99, qui utilise les possibilités du droit pour informer et indemniser les riverains subissant les nuisances de la voie rapide (loi sur l'air et le bruit), le collectif gagne aussi une bataille sur le front administratif avec l'annulation de la D.U.P.. Lors de la réunion, M. BOQUET s'est réjoui de la décision du tribunal administratif et a invité les riverains à poursuivre leur action.

Pour les membres du collectif, le mot d'ordre est donc clair : il faut continuer à se battre. « Nous avons maintenant trois objectifs à accomplir », explique Patrice MIRAN, ancien conseiller régional, et membre du collectif. « Tout d'abord, il faut convaincre les riverains du tronçon Fabron-Saint Augustin, qui sont en procédure d'expropriation, de stopper les pourparlers avec la mairie. D'autre part, il faut intensifier notre pression sur Jacques PEYRAT, dont le discours sur les nuisances sonores est plus qu'ambigu. Enfin, nous allons demander à être reçu par le préfet afin que nos revendications soient prises en compte au niveau de la directive territoriale de l'aménagement (D.T.A.). »

L'annulation de la D.U.P. était pourtant loin d'être acquise, les conclusions de l'A.D.E.P. (une des associations présentes dans le collectif, cordonnée par M. BOQUET) ayant été jugées irrecevables par le tribunal administratif, car remises trop tardivement. Pourtant, l'enquête a bien eu lieu, et elle s'est appuyée sur certains arguments de l'A.D.E.P. Le collectif estime donc important de faire rectifier cette irrecevabilité : « Si nous faisons appel du jugement, c'est avant tout pour rétablir note image aux yeux de l'opinion publique, qui pourrait nous prendre pour des incompétents, incapables de rendre un dossier à temps, ce qui n'est pas le cas. La deuxième raison est juridique : si nous ne demandons pas l'annulation de la décision d'irrecevabilité, nos arguments et nos requêtes ne pourront pas être utilisés pour les prochaines procédures. »

De son côté, Charles CARESSA, conseiller municipal, estime que l'on devrait profiter de l'annulation de la D.U.P. pour mettre les choses à plat, et améliorer les structures existantes avant d'aller plus loin. « Au dernier conseil municipal, j'ai émis la suggestion de rendre le voisinage viable autour de ce qui est déjà construit, neuf ou ancien, au nord comme au sud de la ville. Nous devrions améliorer la qualité de vie des riverains déjà concernés par la pollution de l'air et du bruit qu'engendre cette voie rapide. Au lieu de cela, le maire s'entête à vouloir achever de tout construire, ignorant les problèmes déjà existants. » Jacques PEYRAT semble être dans une curieuse logique de « on y va et on verra », alors qu'une partie des élus demandent une concertation véritable, de nombreux points techniques restant obscurs ou mal dégrossis.

Paul CUTURELLO, conseiller général du 14ème canton, est également partisan de prendre des mesures pour réduire la gêne des riverains. Il est, de plus, violemment opposé à une sortie de la voie rapide à côté du lycée des Eucalyptus, et pose le problème du raccordement à l'autoroute A8. « Il est invraisemblable de faire passer des voitures à grande vitesse à proximité d'un établissement scolaire regroupant plus de 1 500 jeunes. D'autres part, se pose le problème du raccordement à l'A8 qui, tel qu'il est envisagé, ferait passer l'autoroute à l'intérieur de la ville. A Toulon, l'expérience a été tentée il y a une vingtaine d'année ;   aujourd'hui, la ville fait tout pour s'en débarrasser. » Le conseiller général, qui est également responsable du comité de pilotage du tramway, ne trouve pas très judicieux de développer à l'extrême un axe autoroutier, alors que la ville entame une politique de développement des transports collectifs. « Nous travaillons à essayer de mettre en place un système de transport performant avec le tramway, afin d'endiguer le trafic grandissant des automobiles. Ce serait un paradoxe complet si une autoroute traversait Nice de long en large, alors que nous sommes dans une logique de dissuasion routière. »

Quoi qu'il en soit, les membres du collectif sont fermement décidés à poursuivre la lutte contre un projet qu'ils estiment ruineux. Ce sera d'ailleurs le prochain argument développé pour lutter contre un immobilisme citoyen qu'il déplore : « les riverains qui ne sont pas concernés par le doublement de la voie rapide ne se mobilisent pas. Mais, à force de s'entêter à vouloir faire passer ce projet, M. PEYRAT est en train de mettre la ville dans le rouge. L'argent est un argument fédérateur, et nous trouverons du soutien une fois que les gens comprendrons que nous sommes tous concernés à travers nos impôts ».

L'addition risque en effet d'être salée, car même si la mairie a fait appel de la décision du T.A., le doublement de la voie sera de toute façon retardée de plusieurs mois, puisqu'il va falloir relancer une nouvelle D.U.P. A condition, bien sûr, que le projet ne soit pas purement et simplement enterré.

Guillaume DUCROT

1. Le collectif est composé de différentes personnalités, associations et partis politiques : SNES, ADULTES, ADEP, CDPC, Comité de quartier des Baumettes, Comité Saint Augustin, Bois de Boulogne, Les Verts.

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