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Trésorier : Maurice GILLARD   Secrétaire : Rose-Marie ALLÉGRET

"Nice-Matin" du 16 juillet 2000

 

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La guerre des pro et des anti-voitures…

L'enquête sur le Plan de Déplacements Urbains visant à améliorer la qualité de l'air vient de s'achever. Le commissaire- enquêteur rendra ses conclusions en août

La deuxième enquête publique visant le Plan de Déplacements Urbains qui vient de s'achever, n'aura pas eu plus de succès que la précédente !

Les Niçois ne se sont guère déplacés, à pied ou en voiture, pour inscrire leurs remarques sur le registre du Forum de l'Urbanisme, dans le Vieux-Nice.

Ce PDU les concerne pourtant directement puisqu'il s'agit de la façon dont vont s'organiser, les déplacements en ville et dans l'agglomération au cours des quinze prochaines années, autant dire un élément-clé de leur qualité de vie, en terme de mieux-être ou de désagrément.

Diminuer le trafic automobile

Pourquoi un PDU ? Parce que c'est une obligation née de la loi sur l'air de 1996, obligeant les communes de plus de 100 000 habitants à prévoir un plan tendant à la diminution du trafic automobile et au développement des transports en commun.

Pourquoi une deuxième enquête après celle menée à bien au printemps 99 sur le même sujet ?

En raison d'une modification de la procédure au plan national : les nouveaux textes de loi précisent que c'est désormais au préfet et non au maire qu'il revient de diligenter cette enquête...

Un "détail" qui a obligé à remettre l'ouvrage sur le gril de l'enquête, du 8 juin au 12 juillet.

Résultat : un nouveau registre en partie noirci par des avis et doléances plutôt contrastés où s'affrontent les anti et les pro voitures...

Pour la réduction du trafic automobile : des mouvements écologistes et des associations de riverains, mais aussi de simples particuliers qui dénoncent la multiplication des nuisances.

Ainsi, la Coordination contre la jonction de la voie rapide à l'A8 et l'Association de Défense des Victimes de l'A.U.S. proposent-elles un PDU alternatif.

Parmi les mesures avancées : un dispositif pour dissuader le stationnement non résidentiel dans l'hyper-centre en créant des tarifs progressifs (et une demi-heure de gratuité pour le stationnement en surface).

Les piétons se rebiffent...

Un riverain estimant que le PDU ne répond pas aux objectifs affichés, présente "sa solution" : un plan de déplacement urbain piéton ; en s'appuyant sur le constat suivant : la marche à pied constitue 57 % des déplacements pour les habitants de l'hyper-centre et 43 % pour l'ensemble des Niçois, ce qui est élevé par rapport aux villes de taille comparable où ce chiffre se situe entre 20 et 30 %...

Il propose donc un développement spectaculaire des secteurs dévolus aux marcheurs, une remise en état des chemins, raccourcis, escaliers, et une circulation automobile limitée dans des secteurs résidentiels comme la colline de Cimiez (avec des goulets d'étranglement à l'entrée en guise de dissuasion).

Toujours dans cet esprit de fronde opposé au tout-voiture, un autre intervenant ne se contente pas des 26 km de pistes cyclables inscrits au P.D.U., il en demande bien davantage : 200 km de pistes bien distinctes des voies pour auto.

Les commerçants montent au créneau

Mais la voiture a aussi ses partisans farouches, notamment les petits commerçants du centre-ville.

La Chambre des commerçants de proximité et artisans s'élève avec virulence contre « l'absence de politique de construction de parkings à Nice ».

« Alors que l'usage de la voiture se démocratise, on supprime de plus en plus de places le long de nos rues. On incite les automobilistes à la double file, on les pousse à la faute pour faire pleuvoir les PV qui rapportent des milliards à l'Etat et à la Ville...»

Un avis similaire chez les commerçants de la rue Hôtel des Postes :

« Repoussons la partie du PDU qui veut chasser la voiture de la ville, c'est méconnaître la configuration de la commune avec ses collines ».

C'est au commissaire-enquêteur, M. André PLOURIN, qu'il appartient maintenant de trancher parmi tous ces jugements contradictoires d'où se dégage tout de même un élément consensuel : le principe du tramway qui est au cœur du PDU, est unanimement approuvé.

Parmi les priorités liées à la pollution en milieu urbain, la diminution du trafic automobile.

La concertation en question

Cette deuxième enquête publique fait l'objet de vives critiques sur le plan de l'accueil du public.

Un ancien haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur résume cette impression négative :

« Un seul registre d'enquête pour 400 000 habitants et une ville aussi étendue, ne témoigne pas d'une politique volontariste de concertation. »

« La présence permanente d'un technicien de la mairie dans les locaux où se déroule l'enquête, aurait beaucoup facilité la compréhension du document et la lecture des plans par le public. Mais était-ce souhaité ? »

Autres mécontents : les responsables de l'ADPL (Association pour une Démocratie Participative Locale).

« Le processus d'enquête publique, qui a été décidé par les autorités préfectorales et municipales, ne semble pas répondre de manière satisfaisante au besoin légitime d'information et d'expression, notamment par le fait qu'il fonctionne non pas dans le sens d'une concertation organisée, mais sous forme d'un simple bureau d'enregistrement. »

« Nous préconisons donc en complément de cette enquête publique, un moyen de concertation institutionnel : le conseil communal de concertation », précisent MM. Jean-François PASQUINI et Jean-Laurent LEPEU.

Philippe FIAMMETTI

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