Président : Patrice MIRAN

Trésorier : Maurice GILLARD   Secrétaire : Rose-Marie ALLÉGRET

"Le Point" du 23 novembre 2001

 

Accueil
Présentation
Nous contacter
Liens

Nice, belle mais trop bruyante

Sois belle et tais-toi ! La municipalité se donne dix ans pour réduire les nuisances sonores de l'automobile... et de l'incivisme.

Nice-Matin révélait que 80 % d'entre eux trouvent leur ville bruyante. Un score qui souleva alors ce commentaire quelque peu désarmant de Jacques PEYRAT : « C'est la contrepartie logique de la place que tient la jeunesse. » Et le sénateur maire, philosophe, d'ajouter que « le bruit, c'est aussi la vie ».

Si, en effet, l'échappée pétaradante d'une moto sur l'avenue Jean-Médecin suffit à casser les oreilles de centaines de riverains, c'est bien davantage la circulation automobile qu'il faut pointer du doigt. Car, avec plus de 470 000 déplacements journaliers, Nissa la Bella souffre du bruit et de l'odeur. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer notre carte des rues les plus bruyantes, qui désigne, en particulier, l'ouest de la promenade des Anglais, le boulevard de la Madeleine, l'avenue Borriglione, la rue Barla, l'avenue Jean-Médecin et l'autoroute urbaine Sud (AUS). Voilà deux ans, la commune s'est penchée sur la question sous l'impulsion de Marc LAFAURIE, actuellement adjoint à l'environnement et au développement durable de Nice. Docteur ès sciences, l'élu a pourtant dû parfois pousser quelques "coups de gueule" pour se faire entendre. Et, au final, pour l'emporter. Nice s'est offert un arrêté municipal contre le bruit, un programme de sensibilisation auprès des écoliers et surtout une charte pour l'environnement 2001-2006 signée avec l'État.

Mais ces décisions ne peuvent occulter le combat difficile et permanent à mener contre « l'inertie qui existe pour appliquer des solutions innovantes, confie un spécialiste. Le bruit n'est pas la préoccupation majeure des responsables de l'urbanisme ». Toutefois, les ingénieurs de l'environnement dressent désormais, avec les services concernés, un bilan annuel et une marche à suivre.

En 2000, la Ville a engagé 55 millions de francs de travaux pour la réduction du bruit et encore 60 millions cette année. Les élus ont voté une enveloppe de 200 millions de francs sur dix ans pour poursuivre la construction de murs d'insonorisation, la réalisation d'enrobés, l'amélioration de l'habitat collectif... A quoi s'ajoutent la piétonisation réussie de certaines rues et le rétrécissement de la promenade des Anglais pour réduire la vitesse des automobilistes. Insuffisant, cependant, pour calmer l'irritation de certains. « On ne peut rectifier en cinq ans ce qui n'a pas été fait pendant vingt-cinq ans », se défend un ingénieur. D'autant qu'ici la géographie est contraignante : la mer empêche tout boulevard circulaire et, avec 75 % du territoire en altitude, il paraît difficile d'éviter que les moteurs ronflent davantage. Mais, en 2006, lorsque circulera le tramway, on devrait bénéficier d'une baisse de 3 à 5 décibels, selon les études.

Les riverains de la voie rapide n'ont pas cette chance. Et leur quotidien ressemble à un enfer. Excédée, exigeant dommages et intérêts, l'Association de Défense des Victimes de l'Autoroute Urbaine Sud (Advaus) a fait réaliser l'an dernier plusieurs mesures le long de cette artère où circulent près de 126 000 véhicules par jour. Des résultats sans appel : 10 relevés sur 13 n'étaient pas conformes à la loi sur le bruit. Face au mutisme de la municipalité, l'ADVAUS a obtenu en mars dernier une citation directe à l'encontre de Jacques PEYRAT pour violation de la loi sur le bruit. En mairie, on temporise en faisant valoir que les aménagements antibruit seront effectués d'ici deux ans, à l'issue des travaux d'élargissement de la voie.

Le Comité de défense et de protection de la Californie assure avoir trouvé le remède pour améliorer le sommeil des riverains. Il suggère de déplacer une partie du trafic sur le boulevard Napoléon-III et de réaliser un viaduc au-dessus du vallon de Barla pour rejoindre l'hôpital de l'Archet. « Le projet est contesté par d'autres riverains concernés et je n'ai pas souhaité faire le bonheur des uns au détriment des autres », a écrit Jacques PEYRAT au comité.

Mais les pouvoirs publics ne peuvent pas tout résoudre. Marc LAFAURIE réclame aussi « un peu plus de civisme ». La direction de la santé de la Ville a ainsi reçu plus de 176 plaintes pour bruit de voisinage cette année. De quoi alimenter les commentaires des experts lors du colloque national sur la gestion des bruits dans l'environnement urbain, du 17 au 18 décembre... à Nice.

Rafaël PERROT

Précédente Remonter Suivante