Président : Patrice MIRAN

Trésorier : Maurice GILLARD   Secrétaire : Rose-Marie ALLÉGRET

"Le Babazouk" de mai 2001

 

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Pics de colère

Un entretien avec M. Jean-Christophe PICARD, président du Comité de quartier des Baumettes

On parle beaucoup, en ce moment, d'un projet de loi visant à renforcer la démocratie locale, c'était même un axe majeur de la campagne des municipales à Nice. Êtes-vous consulté par la municipalité pour ce qui concerne les projets intéressant votre quartier ?

J.C. PICARD : « Absolument pas. Et même si nous ne pouvons qu'approuver projet de loi, nous sommes inquiets du risque d'effet d'annonce. La démocratisation de la vie politique est un thème à la mode, nous craignons une coquille vide. C'est pourquoi, nous entretenons des contact réguliers avec d'autres comités de quartier de France afin de constituer une sorte de fédération plus à même d'influer sur les pouvoirs public. »

Quels sont vos mode d'action et qu'avez-vous fait fait pour ce qui est de la pollution ?

J.C. PICARD : « La pollution est l'un de nos soucis majeurs. De nombreux habitants du quartier sont venus nous voir pour faire état de problèmes de santé liés à la pollution. Nos modes d'actions sont alors d'alerter la presse, de faire signer des pétitions et de déposer des recours devant les tribunaux. Pour ce qui est de la pollution, plus de 400 recours ont déjà été déposés. Et pour être plus efficace, nous nous sommes associés à d'autres comités de quartier de Nice. Ensemble, nous avons constitué l'Association de Défense des Victimes de l'Autoroute Urbain Sud. Cet organisme charge plus particulièrement de lutter contre la pollution atmosphérique. Le problème, c'est qu'il n'y a pas eu de décret d'application de la loi de 1996 (sur l'air). Nous sommes donc contraints d'attaquer pour non respect de la loi sur le bruit. Nos campagnes de relevés acoustiques sont particulièrement alarmantes (10 dépassements des normes sur 13 relevés). »

Pensez-vous qu'un jour un maire puisse être attaqué, éventuellement  au pénal, pour mise en danger de la population ?

J.C. PICARD : « Certainement. Le maire est davantage responsable de la santé publique que de la sécurité qui est l'affaire de l'État. Les plaintes déposées pour nuisances sonores finiront par aboutir et cela pourrait coûter très cher à la ville. De plus, lorsque les dangers de la pollution sur l'humain seront démontrés publiquement ou, du moins, qu'il ne sera plus possible de les nier, une partie de la population d'attaquer la ville devant les tribunaux parce que l'un de leurs proches sera décédé ou gravement malade du fait de la pollution ».

Cette extension de la notion de responsabilité pénale de l'élu reste problématique en France, pourtant, elle est acceptée par certains de nos voisins. La justice n'est-elle pas, finalement, le dernière refuge pour la population afin de contraindre les politiques à prendre des décisions nécessaires mais dangereuses politiquement parlant ?

J.C. PICARD : « C'est exactement le problème. Obsédés par le renouvellement électoral, les politiques n'osent que très peu "faire des vagues". Du coup, ils restent rétifs face aux sujets sensibles et  en réagissent qu'acculés par la pression de l'opinion publique ou par celle de la justice ».

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