Président : Patrice MIRAN

Trésorier : Maurice GILLARD   Secrétaire : Rose-Marie ALLÉGRET

"Nice-Matin" du 10 septembre 2003

 

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Voie rapide de Nice : un enfer express !

Les riverains de cette autoroute urbaine souffrent du bruit et de la pollution Malgré les améliorations apportées par la Ville, il n'est pas sûr que le doublement de cet axe arrange les choses

Vroom ! Pour les riverains de la voie rapide à Nice, ces quelques lettres ne sont pas simple onomatopée. C'est un vacarme quotidien, assourdissant, quasi incessant, au rythme de passage de 60 000 véhicules.

À cela s'ajoutent le vrombissement électrique des trains sur la voie ferrée accolée à la route et le survol de quelques avions de proximité aéroportuaire. Certains résidents proches de Magnan sont même pris en sandwich sonore et polluant entre la voie rapide et l'avenue de la Californie.

Du bruit et de la suie, de la fureur et des larmes. Voilà à quoi ressemble la vie de ces citadins, dont les nuits ne sont pas forcément plus belles, ni plus silencieuses, que leurs jours. Vitres opaques donnant sur le bitume et le béton, la vue n'est pas mieux servie que l'ouïe.

« Le plus dramatique, c'est quand il y a des accidents. Le bruit des tôles qui se heurtent choque énormément au réveil. A 3-4 heures du matin, c'est une sacrée sensation ! », tempête M. JEMINA qui habite là depuis une vingtaine d'années.

Même au sixième étage du 48, avenue de la Californie, les nuisances de la voie rapide crèvent le plafond. Depuis quarante ans, le trafic n'a fait que s'accentuer (+3 % par an), de plus en plus insupportable. L'ouverture de la chaussée nord de Magnan à Fabron, en 1999, n'a rien arrangé.

« On ferme tout, mais on étouffe en plein été »

« Les gens ferment tout mais en plein été, on manque d'aération, alors il faut choisir entre le bruit et le CO2, ou bien s'asphyxier de l'intérieur », se désespère Maurice FRICHETEAU, président du Comité Californie-Bas Fabron-Cambrai-Val Marie, un pollumètre toujours en poche. « Malgré leurs revenus modestes, les riverains ont tous investi dans le double vitrage, en attendant que la mairie les rembourse un jour. Mais ils n'ont pas les moyens d'installer la clim' ! »

La Ville a néanmoins procédé à de multiples travaux pour faire dégonfler la rumeur ambiante, des véhicules comme des habitants. Un mur d'insonorisation en contrepente nord se dresse progressivement depuis Saint-Philippe. Et 1,1 million d'euros a été investi pour déposer un nouvel enrobé sur la chaussée Mathis (sud), entre Magnan et Saint-Augustin. Objectif : réduire le bruit de 3 décibels, pour s'approcher des 60 acceptés par la loi 1995, au lieu des 75 habituels.

« Encore faut-il que les usagers respectent la limitation de vitesse », précise Guy GELES-DUCARME, adjoint municipal aux travaux.

Un répit avec la fermeture nocturne durant l'été

Autre mesure bienvenue : la fermeture à titre expérimental de cet axe routier, de 23 heures à 6 heures du matin durant tout l'été. Un répit très apprécié des résidents, mais l'avenir reste redouté : le doublement de la voie nord de Magnan à Saint-Augustin, programmé pour 2006, destiné à fluidifier et sécuriser le trafic.

« Il faudrait profiter de ce transfert sur la voie nord pour supprimer une voie au sud, la plus proche des bâtiments, et y édifier un écran acoustique en tampon, mais le maire s'y refuse », regrette Maurice FRICHETEAU.

Patrice MIRAN veut aller beaucoup plus loin, à « contresens » de cette autoroute urbaine.

« Le projet gigantesque de doublement avec jonction à l'A8 n'est qu'un appel d'air pour les véhicules en centre-ville, avec encore plus de nuisances et de problèmes de circulation », avance le leader du Mouvement écologique indépendant (MEI). « Il faut plutôt revoir le plan de circulation de la ville à la base, avec gratuité sur l'autoroute de contournement de Nice. »

Pour se faire entendre, le président de ADVAUS (Association de défense des victimes de l'autoroute urbaine sud) roule sur la voie judiciaire. Avec plainte au pénal contre le maire de Nice pour non-respect d'un arrêté sur le bruit autour des infrastructures de transport. Et demande d'indemnisation pour les riverains de Magnan-Fabron.

L'affaire est en délibéré au tribunal de police pour le 26 septembre prochain. Elle risque de faire encore beaucoup de bruit.

CARINI Alexandre / BERTINI

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